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Une étude pour mieux comprendre les allergies saisonnières

L'étude de Rita Sousa Silva constitue une première étape vers une meilleure compréhension du potentiel allergène de la forêt urbaine.
Crédit : Getty Images

Le printemps est à nos portes et pour plusieurs personnes, cela signifie le retour des allergies saisonnières. «Avec l'apparition des premières fleurs, les arbres sont parmi les premières plantes à produire du pollen, rappelle Rita Sousa Silva, postdoctorante au Département des sciences biologiques et au Centre d'étude de la forêt. Le problème, c’est qu’à l'heure actuelle, très peu de données scientifiques permettent de jauger avec précision le potentiel allergène de certaines espèces d'arbres parmi les plus populaires en ville.»

C'est le constat qu'a effectué la chercheuse dans le cadre d'une étude dont les résultats viennent d'être publiés dans la prestigieuse revue médicale The Lancet Respiratory MedicineLes professeurs Alain Paquette et Dan Kneeshaw figurent parmi les coauteurs de cette recherche, réalisée dans le cadre d'une collaboration interuniversitaire avec des collègues de l'Université de Montréal et de la Direction régionale de santé publique de Montréal, avec le soutien financier des Fonds de recherche du Québec.

Les grains de pollen sont des particules mâles microscopiques libérées par les arbres et d'autres plantes afin de se reproduire. «Seules quelques espèces d’arbres produisent du pollen hautement allergique, comme les bouleaux et les aulnes, explique Alain Paquette. Cela est bien documenté. Le potentiel allergène des autres arbres reste toutefois largement inconnu.»

«Les études à partir desquelles les autorités de santé publique formulent leurs recommandations sont contradictoires. Par exemple, les érables sont considérés comme étant peu allergènes en Europe et au Québec, mais l'American Academy of Allergy, Asthma and Immunology les considère comme une espèce à éviter.»
- Rita Sousa Silva
  Postdoctorante au Département des sciences biologiques et au Centre d'étude de la forêt

Les espèces d'arbres les plus communes à Montréal sont l'érable de Norvège, l'érable argenté et le frêne de Pennsylvanie. «Ces trois essences constituent plus de 50 % des espèces présentes sur le territoire montréalais», précise Rita Sousa Silva. Selon la postdoctorante, la surveillance actuelle des niveaux de pollen n'est pas optimale, car elle ne tient pas compte des espèces présentes à proximité des gens et du fait que la période de floraison des arbres varie considérablement d’une espèce à l’autre, y compris au sein d'un même genre (l'érable de Norvège, tardif, et l'érable argenté, très hâtif). «Les études à partir desquelles les autorités de santé publique formulent leurs recommandations sont contradictoires, souligne-t-elle. Par exemple, les érables sont considérés comme étant peu allergènes en Europe et au Québec, mais l'American Academy of Allergy, Asthma and Immunology les considère comme une espèce à éviter.»

Réchauffement climatique et pollen

Le réchauffement climatique risque d'allonger la saison du pollen. Comme plusieurs villes veulent augmenter leur couvert forestier pour combattre les îlots de chaleur, il est impératif de mieux comprendre et de valider scientifiquement le potentiel allergène des essences d'arbres que l'on prévoit planter en ville, souligne Rita Sousa Silva. «On parle de plus en plus de l'importance de diversifier les espèces d'arbres en ville pour prévenir, entre autres, les épidémies d'insectes comme l'agrile du frêne, mais on passe trop souvent sous silence un problème méconnu: la masculinisation de la forêt urbaine. Une ville comme Montréal plante de façon disproportionnée des arbres mâles pour ne pas avoir à gérer les fruits et les graines des arbres femelles. Or, ce sont les arbres mâles qui produisent du pollen. Cette décision augmente donc la concentration de pollen en ville et crée un problème de santé publique.»

«Une ville comme Montréal plante de façon disproportionnée des arbres mâles pour ne pas avoir à gérer les fruits et les graines des arbres femelles. Or, ce sont les arbres mâles qui produisent du pollen.»

L'étude de Rita Sousa Silva constitue une première étape vers une meilleure compréhension du potentiel allergène de la forêt urbaine. «C'est bien d’identifier le problème, mais ce n’est pas tout. Nous travaillons maintenant à améliorer l’identification des pollens et à mieux connaître leur distribution dans la ville, de même que leurs liens réels avec la santé des gens», conclut le professeur Alain Paquette. À suivre!

Source :
Service des communications
UQAM, 10 mars 2020

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